Sophie Galitzine, comédienne, danseuse et art-thérapeute, a traversé l’abus sexuel pour renaître par la danse, le mouvement. « Le corps est une manifestation divine », confie-t-elle.

Née en décembre 1978 d’un père d’origine russe et de sa deuxième femme – sur quatre –, baptisée au sein de la communauté catholique, Sophie Galitzine passe une enfance dorée à Paris, malgré le divorce de ses parents. Adolescente, elle découvre la scène avec un professeur qui abuse d’elle, sous prétexte d’aller au bout d’une expérience théâtrale. Plus tard, loin de toute pratique religieuse, elle passe son baccalauréat au lycée Montaigne, étudie la philosophie, revient au théâtre, devient animatrice télé pour la chaîne musicale Fun TV et dérive peu à peu vers ce qu’elle appelle « un comportement à risques ». « Je n’étais pas une délinquante. Mais je cherchais sans arrêt mes limites : je fumais, enchaînais les relations amoureuses. Je suis devenue anorexique-boulimique… J’entretenais, avec mon corps, une relation d’objet à objet », résume-t-elle.

Une relation qui se transforme, une dizaine d’années plus tard, lorsque la comédienne se convertit et se rend à la messe presque quotidiennement. « J’ai eu l’impression que le Seigneur, par l’Eucharistie, réorientait, physiquement, mes cellules. C’était une réelle restauration corporelle », s’émeut celle qui a choisi le corps justement pour exprimer cette « restauration » sur scène. Ainsi, pour traduire la manière dont sa relation à Dieu s’est tissée au sein du monastère orthodoxe où elle a pensé vivre le reste de son existence, Sophie Galitzine se tait. Et laisse ses membres prendre le relais. Ils bruissent, se déplient, se délient pour se mouvoir, s’entrecroiser. Ils expriment l’indicible.

La recette d’une telle présence ? « Le corps est, selon moi, une manifestation divine », confie la danseuse qui avait averti d’entrée de jeu les spectateurs, en présentant sa représentation comme « l’histoire d’un corps. Et d’une âme. En fait, c’est la même histoire. »

« Mon corps, c’est mon âme qui est visible », précise-t-elle aujourd’hui, à l’écart des planches. « C’est d’ailleurs pour cette raison que j’éprouve le désir aujourd’hui d’établir un pont entre la danse et la religion chrétienne », ajoute-t-elle en évoquant un projet autour du Cantique des Cantiques, ou les ateliers qu’elle dirige depuis bientôt dix ans en tant que masseuse et art-thérapeute – activité vers laquelle elle s’est tournée, à la mort de son père – à Paris. « Je suis frappée d’y entendre certaines femmes me confier ne pas oser, par leur éducation, prendre soin d’elles, être coquettes, habiter leur corps. »

Elle se défend toutefois de faire de son spectacle – le plus gros succès du théâtre Essaïon depuis son lancement en septembre – une thérapie. « J’avais envie de parler de Dieu. Je ne pouvais pas ne rien faire de l’histoire que j’avais vécue. C’était quelque chose qui me débordait. » Quelque chose qui venait de son corps.

Source: croire.la-croix.com